Réhabilitation de l'architecture de terre en Algérie

Abstract

La richesse du patrimoine bâti en terre réside dans sa variété. En effet, ce patrimoine comporte des sites archéologiques, des monuments historiques, des groupes de bâtiments et même des villes entières. Aussi riche qu’il est, ce patrimoine est aujourd’hui menacé de disparition par le développement technologique et la modernisation (Toutefois, nombres d’entre eux sont gravement menacés par un effondrement). La Terre est un matériau de construction dont la publicité n'est plus à faire. Et pourtant ! Malgré son utilisation en de nombreux points de notre planète depuis l'époque préhistorique, il s'emble aujourd'hui que ce matériau mérite une certaine réhabilitation Ce matériau fut victime d'une part de la dépréciation générale subie par les architectures mineurs et d'autre part par son caractère instable. Alors, la terre abondante, malléable, facile à mettre en oeuvre, plastique et offrant une grande inertie thermique, capte les regards des spécialistes. On assiste au transfert de connaissance des artisans d'ouvriers oubliant les techniques transmises depuis des millénaires au profit de spécialistes qui tentent d'enregistrer les témoignages encore vivants de savoir-faire ancestraux. Après avoir méprisé ces techniques modestes et ce savoir-faire, les architectes, le remettant à l'honneur, les auréolent de la connaissance scientifique et les soumettent à l'expérimentation. Il est important de souligner que l’architecture en terre, présentant un héritage collectif d’une valeur incomparable, se trouve aujourd’hui dans un état de dégradation avancé, pour cause la disparition des pratiques de conservation traditionnelles, notamment en matière d’entretien, des entreprises menant les opérations d’intervention non qualifiées, la fragilité du matériau terre aux intempéries… A toutes ces défaillances s’ajoute l’absence d’instruments adaptés pour mener des opérations de réhabilitation par les différents acteurs intervenant sur le terrain. 105 Aujourd’hui, face à une prise de conscience en faveur de la protection de l’environnement, on pourrait penser que le matériau terre répond absolument aux nouvelles exigences tout en respectant l’environnement sur tout son cycle de vie. Dans ce contexte, l’architecture de terre recèle plusieurs avantages, sur différents plans ; tant social, économique, environnemental que culturel. La disponibilité du matériau et son faible coût lui promettent un large usage, c'est pour cette raison qu'à dater des années 1980, un regain d'intérêt mondial pour ces architectures impulsé à partir de l'Afrique, et se manifeste sur tous les continents. L’architecture de terre n’est donc pas seulement un vestige du passé mais une composante vivante de la vie contemporaine. Ceci est particulièrement vrai dans notre monde fragile actuel ou les questions de durabilité dans l’environnement et le social prennent de plus en plus d’importance. Des programmes d’amélioration, de conservation et de gestion du patrimoine architectural en terre sont entrepris à travers le monde, des projets pilotes ont fourni des exemples pour le développement et la diffusion de méthodes et techniques appropriées dans la construction en terre, où la conservation et le développement font partie d’un processus continu. La recherche scientifique en outre a permis de promouvoir et d'améliorer les savoir-faire dans ce domaine. Toutefois, en Algérie, et malgré les difficultés enregistrées dans tous les domaines, ces architectures de terre ne jouissent d'assez d'intérêt et elles sont de plus en plus menacées par des impacts naturels et humains, des pratiques inappropriées de conservation et d'entretien. Nous assistons par conséquent, à la perte des savoir-faire traditionnels et d'une production architecturale originelle.