Les hémangiomes infantiles

Abstract

INTRODUCTION : L’hémangiome infantile (HI) est la tumeur la plus fréquente en pédiatrie. Au cours de son évolution, il peutmettre en jeu le pronostic vital, fonctionnel et esthétique ou présenter une complication gênante nécessitant une prise en charge urgente. Nous avons initié une étude épidémiologique afin de décrire les aspects épidémiologiques, cliniques et les facteurs du risque prédictifs de survenue des complications des HI dans la Wilaya de Constantine. MATERIELS ET METHODES : Nous avons mené une étude descriptive prospective de type série de cas sur un échantillon de 125 malades porteurs de 165 HI. Les patients ont été recrutés et suivis de janvier 2022 à décembre 2023 dans le service de pédiatrie de l’EHDM et le service de dermatologie du CHU de Constantine. Après avoir obtenu le consentement éclairé des parents des patients porteurs d’HI, un examen clinique a été réalisé et un questionnaire a été rempli incluant des données épidémiologiques, cliniques, évolutives. Dans un deuxième temps, un suivi clinique et iconographique a été réalisé sur une période minimale de 9 mois. Les résultats ont été saisies et traités par le logiciel SPSS ver 23. RÉSULTATS : Le délai de prise en charge moyen était de 3,29 mois. Il y avait une corrélation positive entre les délais de prise en charge et la distance par rapport à la ville de Constantine avec un coefficient de corrélation de 0,319 et P<0,001. L’âge maternel moyen lors de la grossesse était de 30,61 ans ; 13,01 % ont eu recours à une FIV ou des traitements de fertilité ; durant la grossesse on a noté une HTA gravidique chez 24 % ; la prééclampsie chez 9,60 %, des traumatismes placentaires chez 4 % et une prise de progestatifs chez 28,46 %. La sex-ratio des patients atteints d’HI était de 0,40 ; 10,48 % étaient nés de grossesses gémellaires, 49,55% étaient nés par voie haute ; 19,20 % étaient prématurés et 12,80 % avaient un faible poids de naissance. La majorité des patients présentaient un seul HI (80,80 %) ; le type focal était prédominant (96,97 %) ; les HI mixtes représentaient 43,64 % des HI, les HI superficiels 43,03 %, alors que les HI profonds ne représentaient que 13,33 % des HI. La topographie élective était la tête et le cou avec 62,42 % des cas. L’ulcération était la complication la plus fréquente (27,2 %). Il existait une association entre la localisation de l’HI en péri orificielle et le risque d’ulcération avec un Chi carré (1,165) =19,23 et P < 0,001 avec un OR= 5,44 ; IC 95 % [2,45-12,09] ; de même il existait une association entre la surface de l’HI et son ulcération (P= 0,009) ainsi que le type de l’HI et son ulcération (p=0,001). 84,80 % des patients ont reçu un traitement, parmi lesquels 85,85 % étaient mis propranolol per os avec une durée médiane de 8,5 mois et une efficacité de 95,60 %. DISCUSSION : Les HI étaient majoritairement uniques et focaux avec une topographie élective à la tête et au cou similaires aux résultats de la plupart des études de la littérature. L’évaluation des délais de prise en charge des patients a révélé un retard important qui serait multifactoriel. Bien que notre étude ne dispose pas de bras témoin, nous avons démontré une fréquence plus importante des HI au cours des grossesses multiples, des traitements de la fertilité, de la prise de progestatif durant la grossesse, en cas de prééclampsie, en cas de traumatismes placentaires, de la prématurité, du sexe féminin, du faible poids de naissance et du retard de croissance intra-utérin. La plupart des patients ont reçu un traitement par propranolol systémique avec une bonne tolérance clinique. Les complications locales étaient fréquentes avec principalement les ulcérations dans 27,2% des cas. L’évaluation des facteurs de risque associés aux complications locales nous a permis de décrire certains facteurs de risque tels que la localisation périorificielle et le type télangiectasique.