La viabilité socio-économique des cultures constructives locales dans la production de l’habitat en Algérie

Abstract

Dans toute politique du logement est sous tendue une politique industrielle ou artisanale (des choix technologiques). La politique algérienne en matière de production du logement se caractérise par la production à outrance (nombre de logements construits par an), malgré tous les efforts consentis, la crise du logement se pose toujours, aussi bien quantitativement que qualitativement. Malgré une diversification des modes de financement, les choix technologiques en matière de réalisation du logement demeurent tributaires des mêmes traditions constructives : matériaux et mise en œuvre industriels. Les savoir-faire locaux et les techniques traditionnelles de construction se sont totalement perdus, maintenir les savoir-faire et continuer à construire selon ces techniques, nécessite la réhabilitation de l'image de des constructions traditionnelles dans l'esprit des populations locales. Le matériau terre reste assimilé aux constructions traditionnelles en terre qui souffrent d'une mauvaise image. En Algérie, nous sommes forcés de constater que les opérations menées jusque-là n'ont pas permis son regain d'intérêt. La perte d'intérêt était due aux mauvaises qualités du matériau utilisé, leur amélioration pouvait permettre une utilisation plus large de la terre dans le domaine de la construction. C’est la raison pour laquelle, ce travail se focalise sur les deux points justifiant l'état lamentable de l’image négative du matériau en terre, à savoir l'abandon de ce matériau par les populations locales et la non durabilité et non performance des matériaux de construction traditionnels. Dans le présent travail, nous nous intéressons aux cultures constructives et matériaux locaux comme alternative viable socio économiquement dans le processus essentiel de la réalisation du logement, pour offrir des logements alliant le côté économique, social et environnemental. Cette démarche contribuera au développement local (en matière de formation et de création d’emploi), elle vise aussi à promouvoir le matériau terre au grand public. A cette fin, on a choisi une filière artisanale qui fabrique les briques de terre crues et cuites avec la méthode traditionnelle comme exemple illustratif, notre étude sur cette filière révèle l’incroyable diversité de la matière première « la terre », accusée à tort d’être incapable de s’adapter aux exigences modernes de confort, de sécurité et de durabilité. Ces idées, pourtant totalement fausses, sont profondément ancrées dans l’esprit des populations, ce qui est bien plus inquiétant. D’où l'objectif de cette recherche qui vise à appréhender les différents aspects de la représentation des habitations en terre et à établir la part qui revient aux pathologies liées aux habitations traditionnelles que nous avons appelées "état du bâti". Pour la réalisation de cette étude, la technique d’enquête par questionnaire auprès des habitants a permis de rassembler les éléments qui constituent "l'image de l'habitat en terre" et de voir l'importance de la part de l'état du bâti dans cette image négative. Une observation des pathologies des habitations par le biais du diagnostic architectural permet de rassembler les éléments objectifs de cette image négative. Pour le cas d'étude, nous avons choisi des exemples d’habitat traditionnel dans la vieille ville de Mila. Exploiter l'intelligence du passé, qui répond aux besoins du présent, et reconsidérer les techniques de construction traditionnelles est l'objectif à terme de ce travail, son rôle aussi est de mettre en avant le potentiel de ces techniques dans les futurs programmes d’habitat.