Quelles stratégies de valorisation pour l’architecture néo-mauresque? En quête de patrimonialisation

Abstract

Le style architectural néo-mauresque représente une tendance stylistique historiquement enracinée, il constitue un passage obligé dans le domaine de l’art et de la création architecturale qui a marqué le début du XXe siècle. Il a témoigné la transition entre les arts éclectiques et la pureté et le dépouillement des années 1930 avec l’art déco et le mouvement moderne. Il a laissé ses empreintes, qui constituent après plus d’un siècle, des fleurons architecturaux qui ont marqué et qui marquent toujours le paysage des villes algériennes. Notre travail s’intéresse à la place de l’héritage architectural néo-mauresque en tant qu’un legs précieux, constituant un pan important de l’histoire de l’architecture en Algérie, et représentant d’une tournure artistique et esthétique qui mérite d’être revisiter, répertorier et valoriser. Notre recherche sur le legs architectural néo-mauresque en Algérie s’insère dans une logique à la fois synchronique et diachronique, elle s’intéresse à l’origine de la création du style néo-mauresque ainsi qu’à son évolution dans le temps, son état actuel et le rôle qu’il peut jouer au sein de la société actuelle. Elle s’insère dans une approche patrimoniale globale basée sur les deux aspects : l’évaluation des attributs pour la reconnaissance des valeurs patrimoniaux, et l’identification du cadre normatif d’un processus de patrimonialisation. Le style architectural néo-mauresque s’est manifesté majoritairement dans les édifices publics, l’architecture ordinaire n’était pas tellement riche en référents architectoniques et décoratifs. Nous avons opté, lors l’élaboration de notre corpus d’étude, pour un ensemble d’édifices publics emblématiques qui semble être le plus représentatif de cette fleuraison esthétique. Les principaux critères de sélection sont basés sur un choix des villes différentes (le centre, l’Est et l’Ouest de l’Algérie), des édifices conçus par des architectes différents et selon des programmes différents. Cette étude nous a permis de définir l’archétype néo-mauresque développé au début du siècle passé en Algérie, ses grandes lignes ainsi que ses champs d’inventivité et de créativité nés de la rencontre des architectes européens avec l’architecture traditionnelle locale. Ce travail ainsi établit nous a permis aussi de comprendre la signification que la population algérienne affiche comme intention à l’égard de cet héritage architectural issu de la période coloniale. Une compréhension qui nous a donner l’opportunité d’inscrire cette représentation sociale aux logiques de patrimonialisation institutionnelle. Enfin, La spécificité du legs architectural néo-mauresque fait de lui une catégorie particulière du patrimoine qui impose l’utilisation de toutes les extensions de la notion de patrimoine culturel, elle nécessite des parcours spécifiques de patrimonialisation, que ce soit pour la législation ou même pour les pratiques de protection. C’est un héritage qui offre une leçon pertinente des modes de réinterprétation des architectures locales, dont la portée contemporaine est observable sur le style architectural des projets contemporains en Algérie, qui présentent une certaine ressemblance avec ses caractéristiques architecturales.